Nos références cinématographiques
Portrait de la jeune fille en feu, Céline Sciamma. Fiction, 2019.
Dans ce film, on voit une relation très intime se créer entre deux femmes au fil de scènes successives de séances de modèle vivant. Au départ, la dessinatrice doit observer son modèle pour construire un portrait qu’elle veut fidèle et réflexif de son âme, mais sans que le modèle lui-même ne s’en doute. Les regards de la dessinatrice vont alors tenter de traverser la peau de son modèle innocent. Ce sont eux qui vont la trahir. Mais tant pis, la complicité entre dessinatrice et dessinée est née. Le modèle consent à se prêter au jeu. Elle se laisse finalement transpercer par le regard de la dessinatrice. Dans cette relation particulière, les deux femmes aux rôles pourtant bien différents, se considèrent d’égal à égal. Il s’agit d’un rapport sensible entre deux âmes qui dépasse tout autre rapport de condition. C’est pourquoi le dessin est un médium précieux pour rencontrer. C’est rencontrer d’une manière particulière, sans préjugés, avec intuition, hasard, sensibilité, connexion.
Adolescentes, Sébastien Lifshitz. Film documentaire, 2020.
Les films de Sebastien Lifshitz notamment Adolescentes et Madame Hoffman nous ont particulièrement inspirés dans la manière dont la caméra est oubliée tant les moments de vie sont puissants et authentiques. Les liens tissés entre le réalisateur et les personnages du film sont totalement ressentis par le spectateur. Ils sont lents et progressifs jusqu'au moment où le spectateur est en totale immersion dans la vie des personnages, sans s'en rendre compte. Nous avons particulièrement aimé l’absence de voix off qui permet d’être guidé par les seuls personnages.
Chroniques d'un été, Jean Rouch et Edgar Morin. Film documentaire, 1961.
Ce film nous inspire par sa manière de mêler enquête sociologique et subjectivité assumée, en donnant toute sa place aux paroles et aux gestes spontanés, libres, des personnes interrogées. Nous avons particulièrement aimé la construction du film en temps réel avec l'intégration des réactions des personnages lors d'une projection du film et à la fin, le debriefing critique des réalisateurs eux-mêmes. Ce film est le premier prototype de ce qui deviendra le micro-trottoir (réactions des passants sur le dispositif matériel de l'époque comprises).
Dix-sept ans, Didier Nion. Film documentaire, 2003.
Ce film est une source d’inspiration en retranscrivant le récit complexe d’un jeune homme de façon fidèle, sans le trahir. Jean-Benoît s'adresse directement à nous comme s'il parlait à un ami (Didier ?). On y voit les moments de doute des 2 personnages, entre dispute, joie et incompréhension. Ce film nous a plongé dans la construction d'un film documentaire.
Riverboom, Claude Baechtold. Film documentaire, 2024.
Ce film nous a tout d'abord marqué par son sujet, l'Afghanistan, et plus précisément par la façon dont il traite ce sujet. Les 3 protagonistes sont conscients de leurs biais vis a vis de ce pays, et au lieu de tenter d'y échapper, ils les confrontent avec humour. Si vous n'avez pas encore le goût du documentaire, regardez celui-ci, il vous convaincra.
Nos références bibliographies
Les perles du Cameroun – Un héritage colonial allemand, Lederer Grit. Film Documentaire, 2024.
Ce documentaire retrace l'histoire du trône royal de Bamun Ngwo, "Mandu Yenu", avec une équipe de chercheurs germano-camerounais. Actuellement exposé à Berlin comme un "don", on découvre que cet objet est sacré. Plus encore, il a un rôle très important dans la société à laquelle il appartient. C'est un objet d'utilité publique, il n'est donc pas plus destiné à être montré qu'à être offert ou même vendu. Ce film nous a beaucoup marqué et à déclenché notre enquête sur la description des objets africains dans les musées parisiens.
Une brève histoire de l’égalité : d’après le livre de Thomas Piketty, Vassant Sébastien, et Stephen Desberg. Bande dessinée, 2023.
Ce livre explique de manière très impactante, grâce à des illustrations et des dialogues intenses, comment certains pays se sont développés et se développent encore en en sous-développant d'autres. Ces explications plaçaient enfin à nos yeux une logique pragmatique de l'économie mondiale, et "les questions économiques sont trop importantes pour être laissées à une petite classe de spécialistes (...) La réappropriation citoyenne de ce savoir est une étape essentielle pour transformer les relations de pouvoir" (Thomas Piketty). La présentation des inégalités sociales dans les sociétés humaines a été d'autant plus claires que les systèmes de dominations exposés ici n'avaient que très peu été questionnés dans nos parcours scolaires.
Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique : 1948-1971, Deltombe Thomas, Manuel Domergue, et Jacob Tatsitsa. Livre, 2011.
Cet ouvrage nous a permis d'éclairer des dates qui nous ont surpris lors de nos premières recherches sur l'histoire du Cameroun : indépendance 1961, guerre d'indépendance 1948-1971, présence de l'armée française jusqu'en 1971. Nous n'avions jamais entendu parler de ce conflit qui implique pourtant notre pays à part entière dans la répression violente des militants indépendantistes de l'UPC. Pourquoi alors parle-t-on de guerre d'indépendance en France quand sa propre armée s'opposait à celle-ci ? Cet ouvrage nous a également permit de mesurer l'ampleur de la stratégie de dissimulation de ce conflit et de ces barbaries orchestrée par les gouvernements français successifs. En 2008, François Fillon emploie le terme de "pure invention" pour le désigner tandis qu'Emmanuel Macron prétend en 2022 "lever le voile" sur cette guerre : il lance une commission avec plusieurs historiens français et 1 artiste camerounais en rendant accessibles uniquement les archives françaises à cette commission, sans même les rendre publiques. L'ouvrage Kamerun ! nous a permis d'appréhender cette histoire tragique avec des points de vues pluriels et une méthode d'investigation impressionnante.
Main basse sur le Cameroun : autopsie d’une décolonisation, Mongo Beti. Essai, 1972.
Mongo Beti est un intellectuel et écrivain camerounais, une voix libre et combattante : à travers ses livres et ses actions, il n’a cessé de dénoncer les injustices et de défendre les droits du peuple camerounais face à l’héritage colonial et aux dérives des pouvoirs en place au Cameroun. Main basse sur le Cameroun est son premier essai après plusieurs romans. Cet ouvrage éclaire sur le système néocolonial exercé au Cameroun par la France, main dans la main avec le dictateur au pouvoir, Ahmadou Ahidjo. Ce livre est interdit en France et saisi à sa sortie, et ce pendant près de 4 ans.
Représentation de la diversité de la société française dans les médias – 2013-2023, ARCOM. Rapport, 2024.
Ce rapport montre que les personnes noires sont représentées à 15% dans tous les médias confondus, fiction comprise. Leur part est plus faible dans les programmes d’information et sont représentés à 22% négativement (contre 15% positivement).
Le désir de nouveautés : L’obsolescence au cœur du capitalisme (XVe–XXIe siècle), Guien Jeanne. Livre, 2024.
Cet ouvrage explique comment le commerce colonial a introduit le concept du "nouveau" qui construit le désir afin de légitimer un modèle dévastateur : acheter, jeter, racheter. On voit ici comment l’essor de l'industrie a signifié importation de produits coloniaux et production dans un contexte esclavagiste, dès le départ. Aujourd'hui, cette vision extractiviste voire impérialiste de la richesse perdure et s'applique aux personnes, aux territoires, aux choses.
Ndop : étoffes des cours royales et sociétés secrètes du Cameroun, Ly Dumas. Livre, 2020.
Cet ouvrage nous a permit de nous plonger dans les fortes symboliques spirituelles, culturelles et sociales des sociétés bamilékés. Les motifs du tissus Ndop et leurs significations ont inspirés les dessins de l'affiche du film. Y sont représentés : les demi-cercles à points et plein qui représentent la dualité entre le monde des vivants et celui des morts ; la mygale sur le dos, médiatrice des deux mondes et symbole des sages décisions ; les écailles ventrales du crocodile, symboles de vie et d'abondance ; la double cloche, instrument musical sacré qui marque le passage dans l'autre monde lors des rites funéraires et symbolise le rassemblement ; le crapaud, symbole de fécondité ; les svastikas (noix de kola), symboles d'amitié solide et de fidélité.
Sur la route des chefferies du Cameroun : Du visible à l’invisible, Sylvain Djache Nzefa, Cindy Olohou, Dr Rachel Mariembé.
Cet ouvrage a été fondateur pour comprendre l'éco-système riche et complexe que nous allions intégrer. Il nous a également beaucoup inspiré grâce aux précisions qu'il apporte sur le fonctionnement sociétal bamiléké dans l'architecture par exemple, qui s'articule autour de l'axe de vie de la communauté, tant sur le plan symbolique que pour les évènements quotidiens et rituels.
Huit leçons sur l’Afrique, Alain Mabanckou. Essai, 2021.
Cet ouvrage regroupe huit conférences consacrées à la littérature francophone d'Afrique noire, prononcées par son auteur au Collège de France, où il était le premier écrivain invité à la chaire annuelle et qui marqua l'entrée des lettres noires dans cette institution de l'éducation française. Ici encore, nous avons pu noter la présence du racisme institutionnel dans les milieux culturels et éducatifs et, en parallèle, mesurer l'influence considérable des écrivains, intellectuels, artistes, militants noirs francophones dans l’idéal humaniste de la société française.
Autres références
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